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La malchance de l’expert

Enorme ! La Mannschaft, croquemitaine des rencontres internationales de football, championne du monde a été laminée (2-0) par la Corée du Sud après deux matchs médiocres contre le Mexique et la Suède. Les réactions de la presse montrent, à l’exception du Parisien, que certaines leçons du passé ont du mal à être comprises. Pourtant le scénario se répète pour la quatrième fois : l’élimination des tenants du titre par des équipes de second voire de troisième rang, syndrome qui a déjà frappé l’Espagne, l’Italie et la France en moins de dix ans. Plutôt que de réagir, c’est-à-dire de se moquer, de s’indigner, de déplorer voire de se réjouir, ne faut-il pas y voir un phénomène naturel une sorte de version inversée de la chance du débutant ? Il m’est arrivé d’être invité à une soirée dans un cercle local de poker, je sais jouer au poker mais c’est tout, je ne compte pas les cartes, je ne calcule pas les probabilités, je ne bluffe pas et bien sûr je ne mets pas de lunettes noires. Je pensais que mes cinquante euros de jetons allaient disparaître en deux ou trois parties mais c’est moi qui suis reparti avec la cagnotte ce soir-là. Étonnement dans le village, le lendemain nouvelle invitation et là, c’est moi qui ait été tondu en quelques parties, fin de l'histoire. Ma conclusion a été qu’il n’y a pas de stratégie, de tactique ou d’expertise infaillibles. Les bons joueurs que j’avais affronté m’étaient très supérieurs, ils avaient fait monter leur niveau en jouant ensemble régulièrement mais avaient oublié le jeu basique pour se concentrer sur des techniques sophistiquées et ils ont été surpris (et moi dont !). Si la Mannschaft avait joué deux matchs au lieu d’un seul contre chaque adversaire, je pense qu’ils auraient compris et parfaitement exploité leurs lacunes et les aurait écrasé, mais à chaque match le débutant et ses lacunes était différent.

L’idée qui en ressort n’est pourtant pas très originale, il n’y a pas de recette définitive face à la variabilité des situations. Toute tentative d’enfermer la réalité dans des procédures, règles ou solutions immuables est vouée, à terme, à l’échec. Au final, seule l’agilité et le renouvellement permettent de faire face à la pression chaotique du réel et cela, pas simplement au football et au poker.