L’Intelligence Artificielle va remettre en question, peut-être brutalement, les équilibres entre marchés, travail, consommation et environnement. Il est notamment envisagé que le rôle de l’humain décline dans le processus de production. Cela peut être une opportunité d’en finir avec le travail comme seule source de subsistance du plus grand nombre. Cela peut être également le cauchemar du naufrage des classes moyennes que certains voient déjà à l’œuvre dans le triomphe planétaire de l’ultra-libéralisme.
L’IA nous mènera à cette croisée des chemins plus ou moins vite selon son rythme de développement et notamment selon le moment où les machines atteindront une certaine autonomie, dans 100, 50 ans, peut-être sensiblement moins selon les percées scientifiques qui l’alimenteront.
Les actuels équilibres politiques, sociaux et économiques nous entrainent vers une civilisation où les machines serviront une minorité coupée d’une population à l’utilité économique déclinante. Une aristocratie de droit ultra-libéral servie par une classe réduite d’experts des machines, assise sur la propriété d’un appareil de production à côté d’une population marginalisée et réduite à subsister.
Cette évolution est déjà engagée mais offre cependant une opportunité pour une vision plus humaniste de l’avenir.
L’avènement d’une production assurée par les machines sera l’occasion de libérer l’humain de la contrainte du travail de subsistance. L’économie débarrassée progressivement des contraintes humaines, dopée par l’effet multiplicateur de l’intelligence des machines offrira un niveau de richesse inédit, dans la limite des ressources de la planète.
Mais ce qui changera profondément la donne politique et sociale est que les fruits de ce nouvel appareil de production pourront être répartis sans souci d’affecter les performances de l’économie. La question salariale qui est économique sera remplacée par la question de la redistribution qui, elle, est essentiellement politique. Il sera alors temps de redéfinir le contrat entre l’économie et la société. Il ne me semble pas trop tôt pour commencer à y réfléchir car la transition vers ce futur pas si lointain sera sans doute semée d’embuches.
Ce post fait partie d'une série de contribution à la consultation publique sur les impacts de l'IA lancée par Cédric Villani sollicité par le gouvernement pour créer une feuille de route sur le développement de l'IA.
Pour ceux que le sujet intéresse, mes post sont accessibles sur https://parlement-et-citoyens.fr/profile/vincentberenger et vous pouvez y contribuer jusqu'au 6 janvier en accédant et vous inscrivant sur https://parlement-et-citoyens.fr/blog/lancement-d-une-consultation-publique-sur-l-intelligence-artificielle-par-cedric-villani-participez-jusqu-au-6-janvier
