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Trumpitudes

Ne comptez pas sur moi pour vous dire du mal de Donald Trump, c’est trop facile, il n’y a sans doute en ce monde que le personnel de Fox News qui aurait besoin d’un coup de main pour cela, mais ont-ils d’autres choix que de fermer les yeux et se boucher les oreilles ? Ils sont payés pour ça.

Ce n’est pas qu’il y ait tant de chose à dire de bon sur Trump mais on les entend peu alors qu’elles me semblent aussi importantes que ses turpitudes. La première est qu’il parle vrai, il se moque de savoir que son interlocuteur représente un allié ou le diable, il a promis de s’attaquer à tous ceux qu’il a désigné dans sa campagne électorale comme des ennemis de l’Amérique et il le fait. La seconde est qu’il ne dépend pas de bailleurs de fonds ni d’amis dans l’establishment, son élection il l’a gagné seul, on aime ou on aime pas Trump, mais il n’y a personne dans son ombre pour lui dicter quoi dire. Il a balayé le politiquement correct avec ses tweets et ça, ses électeurs adorent ! Non seulement il tient ses promesses, mais il le fait dans un langage compréhensible par ses électeurs ce qui est nouveau. Plus besoin d’attendre que les journaux décryptent le communiqué de la présidence ou les petites phrases de ses collaborateurs. Paf ! Un tweet et tout le monde comprend. Trump me semble être l’homme politique le plus cohérent du moment. Il a parfaitement saisi le désarroi d’une part importante du peuple américain livré à l’anéantissement économique pour toutes les bonnes raisons que l’on nous fait avaler depuis des décennies. La vérité est que les politiques ont perdu la main depuis longtemps face aux forces économiques. La pensée unifiant politique et économie a livré les classes moyennes occidentales à la concurrence mondiale, rabotant à une vitesse folle le capital de progrès lentement accumulé pendant les périodes fastes de l’économie. Mais qu’importe pour les maîtres de l’économie et de la finance, pour eux cette période a été au contraire formidable, jamais leur pouvoir et leur richesse n’ont augmenté aussi vite. Les classes moyennes c’est du passé. Vae victis pour les perdants de la guerre entre les peuples et l’aristocratie libérale (*). De toute façon si ce n’est pas la mondialisation qui avait fait sombrer la classe moyenne c’est l’automatisation galopante de l’économie qui s’en serait chargé, alors autant passer au chapitre suivant le plus vite possible. En écoutant Trump sans les œillères de la détestation qu’il inspire si spontanément on entend qu’il s’indigne de l’absence de couverture santé pour une grande partie des américains, des jobs de ses concitoyens détruits par les délocalisations, de l’état de l’éducation, des infrastructures de son pays, le pays le plus opulent de la planète… Pour ceux de plus en plus nombreux qui voient les usines fermer, les jobs se délocaliser, leur ville en faillite, les hôpitaux inaccessibles, les routes défoncées et la violence se répandre jusque dans les écoles, Trump était le seul choix possible et qui plus est, il le reste. Ne comptons pas sur la haine que lui vouent les média et le politiquement correct qui déborde d’indignation à chacune de ses frasques pour qu’il perde les prochaines élections, espérons seulement que son exemple ne fasse pas d’émules aussi intelligent et puissant que lui dans nos contrées… Mais au fait, posons-nous la question, souhaitons-nous tant que ça que tout continue comme aujourd’hui ? Si nous avons la moindre hésitation sur une telle question peut-être l’aurons-nous la prochaine fois dans l’isoloir…

(*) Malheur au vaincu ! Phrase prêtée au chef gaulois Brennos qui avait vaincu Rome https://fr.wikipedia.org/wiki/Vae_victis